« Well it's been a long slow collision, I'm a pitbull, you're a dog »

Reflet dans le miroir. Deux êtres identiques, jumeaux parfaits. Cellule unique divisée. Kane s’assoit sur le rebord de la fenêtre pour observer son frère qui lit tranquillement dans la chambre. L’odeur familière du kuivaliha envahit toute la petite maison, signe de leur père cuisine à l’étage inférieur. L’enfant atterrit souplement sur le parquet ciré de la petite chambre pour deux. Aidan ne relève pas les yeux, trop habitué sans doute aux déplacements contradictoires de son double qui s’amuse à lui lancer des boulettes de papier. Kane fronce le nez, déçu du manque de réaction. Il s’approche sur la pointe des pieds et arrache le bouquin qui passionne tant sa réplique si calme, éclatant de rire pour courir jusqu’à la lucarne où il jette sans remord la reliure de papier. Ses yeux brillent d’amusement. La colère devrait pulser dans les veines d’Aidan comme l’excitation en lui. Seul le silence lui fait face, dévastateur, soufflant d’une force prodigieuse son plaisir. Un cri de rage lui déforme les traits. Ses doigts maigres pourraient se refermer sur le cou gracile, mettre fin à cette mascarade. On souffle qu’ils sont adorables, leur mère pousse de petits soupirs en murmurant « si vous saviez ». Elle passe d’ailleurs la porte à cet instant, jetant un œil sur le lit où est toujours assis Aidan. Ses yeux tombent sur Kane près de la fenêtre, un immense sourire peint sur sa frimousse enfantine. Elle y répond de bon cœur, leur indiquant que le dîner est prêt. Sans mentionner que son fils assis sans rien faire sur le sommier la dérange. Sa main se glisse affectueusement dans les mèches soyeuses du petit monstre qu’elle a engendré sans le savoir. Kane refuse pourtant de descendre tant que son frère n’est pas debout lui aussi. Le perdre des yeux l’affole. Le besoin de leur promiscuité lui ronge les entrailles. Huit ans qu’il respire au rythme de deux corps, battements de cœur synchronisés. Quelque part dans ses atomes se trouve Aidan. Il sait qu’il occupe une part de son frère. Il en est persuadé. Ça ne pourrait être autrement. L’enfant surveille attentivement son jumeau, le servant lui même de ces tranches de viande salée dont ils raffolent. La crainte le taraude qu’un jour, à force d’être plus faible, Aidan disparaisse. Et Kane ne sait vivre qu’à deux. Ses dents se referment brutalement sur la peau diaphane, mordant férocement le bras mince pour s’assurer qu’il est toujours là, réel. Trois paires d’yeux stupéfaites. « Ne me quitte pas Aidan. Jamais. »

« Don’t tell me you’re sorry ‘cause you’re not, and baby when i know you’re only sorry you got caught »

Les valises sont dans l’entrée. Le parfum fruité flotte dans la maison, la robe voltige sous leurs yeux. Haïti. Kane a regardé sur une carte où se situe cet endroit étrange qui attire sa mère. Il entend encore son père lui expliquer calmement, avec cette intonation si tendre dans la voix, ignorant combien son fils se fiche de tout ça, uniquement foudroyé par la colère. « Maman doit aider des gens qui n’ont pas beaucoup de chance les garçons. Mais elle reviendra. Et vous serez fiers d’elle. » La fierté est étrangère à l’enfant qui s’accroche aux jambes élancées. Ils sont attendris, tous, idiots sans soupçons. Crédules, pensant que le petit garçon est uniquement éploré d’être éloigné de sa mère. Kane brisera leurs âmes innocentes une autre fois. La rage coule comme lave en fusion dans son être, comment ose-t-elle le laisser, accorder de l’importance à d’autres. Sa fureur l’étrangle, il s’écroule et le monde tourne sans son accord. Il court à toute allure, se réfugie auprès d’Aidan qu’il sert trop fort, laissant des bleus sur la peau fine, cherchant à absorber cet autre lui. Le sourire ravi qui flotte sur les lèvres étroites de sa mère est inspiré par le mensonge. Comment savoir l’absence de sentiments de son propre enfant. Kane est né menteur. Elle se promet de revenir plus tôt pour leur faire une surprise, ingénue, le laissant gagner encore. Des bras musclés enserrent les jumeaux, le dégout l’envahit mais il ne se débat pas. Comme une litanie qu’il se répète en boucle, le petit garçon restera normal d’apparence, sa folie gardant un masque d’argile. Des jours entiers avec un seul parent lorsqu’ils sont deux, Kane jubile, chaque fois que son géniteur ou la vache à lait vont sauver le monde à leur façon, ces organisations humanitaires qui le font toujours rire aujourd’hui. Le monde s’étale à ses pieds, qu’il foule sans relâche, avide, crevant du besoin de savoir. Ses doigts tordent des cous vulnérables, laissant dans son sillage chiots et chatons n’ayant eu pour seul tort que de se trouver sur son chemin. Rien n’amuse plus Kane que de se glisser la nuit près du lit de son frère et lui murmurer dans l’obscurité, ogre caché sous le lit, sorcière aux accents du sud ricanant derrière la fenêtre sur leur balai volant, sa bouche devenant pâteuse bien avant qu’il se lasse de lui faire peur.

« I don’t give a damn about my bad reputation, i’ve never been afraid of any deviation ( … ) the world is in trouble. »

« Kane et Aidan Ikonen. Dans mon bureau. » Une multitude de prunelles posées sur son arrogance à peine voilée. L’enfant chéri de la fratrie est un monstre. Seule sa mère ferme encore les yeux, prétextant le besoin de se démarquer dans le binôme. Passant outre la crise de son fils, ses ongles lui lacérant le visage de colère, sa bouche crachant une haine accumulée depuis quatorze ans. Elle frémit, referme les bras autour de son corps gracile. Elle savait Aidan dépendant de son frère, elle ignorait combien l’inverse est vrai. Plus jamais il n’avait été question de mettre les jumeaux dans des classes séparées. La chaise racle le sol, Kane obéit après un regard rengorgé d’assurance vers la petite audience que constitue sa salle de classe. Il effleure son frère des yeux sans le voir pour une fois. L’institutrice se tord les doigts. L’adolescent de seize ans passe un bras autour de son double, possessif. Intolérant le moindre écart. Son être entier hurle qu’il possède leur relation, l’univers et chacun de ses atomes. Dans les souvenirs de Kane la fenêtre ouverte charriait des odeurs d’automne, de feuilles humides et des cigarettes qu’il fume sans se cacher dans les couloirs. Le gamin manque de mordre son frère de joie, par habitude, punition pour ne pas être lui. Depuis quelques mois, ils passent des semaines ensemble, sans protection aucune pour le pauvre Aidan, leurs parents ayant cessé de partir à tour de rôle pour se consacrer en couple à leur mission de sauver ce monde que leur propre fils s’acharnerait volontiers à détruire. Le plancher ciré craque sous leurs pieds. La libération qui souffle sans avertissement, lui caresse l’échine. Il faut toute son énergie à Kane pour ne pas hurler son exultation. « Les enfants, je suis désolé… » Morts. Ses géniteurs sont morts. Emportés par une masse d’eau de plusieurs tonnes dans un quelconque pays sous-développé d’Asie. Il jubile intérieurement, ses bras écrasant Aidan à le broyer, conscient de la douleur qu’il doit lui procurer, ajoutant à son bonheur. Ses lèvres caressent pourtant la tempe douce, effrayé de perdre la seule entité ayant de la valeur. La jalousie jappe et mord dans son estomac. Les jours défilent sans le moindre sens, tourbillon qu’il s’entête à vouloir comprendre, ne rien laisser au hasard. Une tutelle. La panique expulse l’air de ses poumons devant ces hommes en costumes tirés à quatre épingles. L’affolement lui retourne le cœur, manquant de le faire vomir, répandre ses entrailles sur la moquette hors de prix. Seul. Kane perçoit la menace. Écartée rapidement pourtant. Refusant de séparer leurs enfants en cas de malheur, le testament ordonne noir sur blanc un versement administratif permettant aux garçons de vivre sous tutelle de l’état jusqu’à leur majorité. Kane jubile. Il ne contrôle encore pas bien ses émotions. Il saute de joie, défait la cravate d’un avocat, hurle par la fenêtre. Plein pouvoir sur sa vie. Autonomie. Oh tremble créature, les monstres ne se cachent plus sous le sommier avant de te dévorer.

« I don't know who you think you are, but before the night is through, I wanna do bad things with you. »

Vingt et un ans. La tutelle est levée. La vraie liberté. Elle a un goût amer, un goût d’enfer. Les poumons gonflés de nicotine, le corps couvert de tatouages. Vestiges d’années à vivre aux ordres d’une institution, la rage au ventre, ce besoin acide qui lui pique les veines, besoin de les envoyer se faire foutre, besoin de reprendre le contrôle de sa propre existence. Il crache aux pieds de l’avocat avec un sourire sardonique, épique. Les rues empestent le bourbon et la viande séchée. La faim guide ses instincts et ses pas, ses rires se cristallisent. Kane veut de l’alcool, une voiture, une maison, être entier, être libre. Un simple chiffre lui accorde la vie. Quelques années écoulées, mortifiées. Il en a bien profité. Ses pieds heurtent les pavés, il manque de s’écrouler, mais rien n’ébranle sa joie. Malsaine, puisée dans la possibilité d’écraser. Son enthousiasme retombe pourtant à la pensée d’Aidan. Son frère a trouvé une passion et elle lui tient réellement à coeur. Kane hurle en plein milieu de la rue, effrayant les passants, l’écume aux lèvres, les yeux noirs de fureur. « Il m’appartient ! ». Ses muscles tremblent, son corps tangue. Perdre son double, après l’avoir si bien absorbé. Kane a pourtant fait des études, et il était loin d’y être mauvais. L’obsession enfantine est restée. Ils étaient un, ils redeviendront un, même si pour ça il doit manger son frère en kuivaliha. Son attention tombe sur une annonce neuve. Un coup d’œil derrière lui, vers la rue d’où il vient. La tutelle est levée. Ils ne recevront plus d’argent. Ses lèvres s’étirent. Oh comme il va aimer tenir Aidan de cette façon. Il compose machinalement le numéro qu’il connaît par cœur. « Tu sais quoi, tes études, je te les offre. » Et il signe la recherche de ce bar, sans avoir jamais eu la moindre expérience, mais plutôt faire des courbettes et baiser des pieds que de laisser son frère lui échapper.

Tu appelles ça une fiche mal faite ? J'adore :hééé:Ce fut juste un régal pour les yeux ! J'ai lu le conte de L'Ombre, votre interprétation est parfaite, d'enfer, parfaiite Donc voilà, pour moi tout est parfait, rien à dire à part : Bienvenue sur Chimère, hâte de lire vos aventures à toi et à ton frère
(au fait, n'oublie pas de remplir ton profil )

Bienvenue parmi nous ! Te voilà validé et ajouté au groupe queen bee kam zu seiner rettung, te voilà officiellement membre de Chimère. La suite t'aidera à t'orienter pour la suite de ton intégration sur le forum. D'abord quelques détails techniques : pense à aller recenser ton avatar dans le bottin, pour éviter les doublons, mais pas seulement, il est aussi important que tu recenses ton personnage de conte pour permettre aux autres de savoir quels personnages sont déjà pris, histoire d'éviter les malentendus : c'est par ici. Par la suite, nous t'invitons à créer une fiche de lien dans cette partie, qui permettra ainsi aux membres de te demander des liens pour enrichir votre jeu. Une partie pour le répertoire des rps a été créé également, mais elle reste facultative. Un peu plus agréable, tu as la possibilité de faire une demande de logement, en respectant le formulaire qui te permettra de personnaliser ton petit chez toi. Autre chose - mais néanmoins facultative - une demande de métier. Pour faciliter la navigation, nous avons créer un topic qui recensera tous les métiers déjà pris, donc n'hésite pas à passer. Dernier point : les demande de rang. Rien de plus simple, demande et tu auras au plus vite.  Voilà, bienvenue à toi, et bon jeu