Angry lion, black dragon.

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♪ Et boire jusqu'à la lie le poison de tes nuits...

Une folie brute, explosive et irréversible. Une table renversée. Des meubles écorchés. Des débris de verre jonchent le sol.

Foutre en l'air ce monde matériel me purge de mes passions, c'est ma catharsis personnelle. Tant de douleurs à extraire de mes pensées, de mon corps en fusion.

Oui, je pourrais bien tuer. Mes mains sont largement entraînées à cet exercice qui ne représente finalement qu'une formalité. J'ai été élevé ainsi. Détruire son prochain. Nous n'étions pas des assassins, mais des esthètes. Nos victimes étaient choisies avec le plus grand soin, nous débarrassions la vermine des hôpitaux. Euthanasie. On donnait un tout autre sens à ce mot...mais passons.

Après avoir écumé toute ma rage sur de vulgaires choses inanimées, je me rends chez monsieur Le Loup. Il sait comment endiguer le Mal qui me ronge. Des mots, ce ne sont que des mots, pourtant ils accomplissent des miracles. Évidemment, nous n'abordons pas le sujet fâcheux. Ma femme. La femme impie. La femme qui a détruit le sens de mon existence, qui a réduit à néant toutes mes valeurs, ma foi dans l'humanité.

Cela va faire une semaine que la vérité dure comme du roc, écarlate, a éclaté au grand jour. Je ne suis pas père. Je ne suis le père de personne. Sept filles à la paternité flouée.

Ne me parlez plus d'amour, c'est bien compris ? Trahison ennemie.

M. Andersson s'est absenté pour affaires. La devanture de la maison close ne m'inspire pas réellement, mais j'essaye de passer outre. Je croise des femmes qui veulent coucher avec le "pote du patron" pour un bon prix, une réduction "sooooo friendly". Elles susurrent mon nom dans le noir. Je les éconduis sans vergogne. Je ne suis pas d'humeur à m'amuser. Je patiente dans un bureau, les nerfs en pelote. Je contiens difficilement le trop-plein d'amertume.

Le meurtre est à portée de mains. Que la fureur m'emporte ! Le monde à néant.

J'avale cul sec sans réfléchir un verre d'un alcool qui brûle ma gorge littéralement tout en me prodiguant une agréable sensation d'invincibilité. Cela chauffe le sang déjà bien échaudé. Je me retourne brusquement en entendant des éclats de voix qui résonnent dans le couloir. Ce n'est pas Niklas. Dans l'expectative, je m'attends à recevoir une tornade, un tourbillon d'émotions mal contenues. J'ouvre la porte et découvre un visage rouge de glaciale colère qui me toise. Je reconnais le jeune homme, le petit protégé d'Andersson.

Spontanément, je lui tends une bouteille de Jack Daniel's pour calmer ses ardeurs.

« Vous désirez ? »

Voix égale, posée, à classer dans la catégorie "affabilité affectée". Parfois la colère redouble, parfois elle s'atténue quand votre interlocuteur semble pouvoir tout encaisser sans mal. C'est mon cas.

Vas-y mon grand, montre tes crocs, augmente le volume, fais péter les décibels.

For a *stolen* rose.

A Dieu ne plaise. Mais moi si je me détruis. très bien

Quinze ans plus tôt, je n’étais que colère.

« SVENSSON ARRÊTE !! » Quand j’entends enfin ce qu’on me hurle dans les oreilles depuis un moment. Je suis tout hébété, déboussolé, surpris. Avec ce sentiment de soulagement et d’apaisement qui viennent tout perturber. Je suis essoufflé, fatigué. Je passe une main sur mon front, et la sens toute poisseuse. Un regard posé dessus m’apprend que c’est du sang qui les couvre, le mien mais pas uniquement. Un autre sang, mes blessures sont superficielles. Mais d’où ça vient d’où tout ça ? C’est comme si on venait d’effacer les quelques minutes qui viennent de passer. Je regarde partout autour de moi, je ne vois que mon ami, silencieux, effrayé et un bain de sang à mes pieds. Un homme battu à mort, le visage bousillé, et si je n’avais su qui il était, je n’aurais pas pu deviner son identité. Je me souviens alors des mots de cet homme, sur mes parents, sur mon sens des affaires. Je me souviens de la colère qui était montée. Et puis elle a tout effacé. « Fiche le camps d’ici, avant qu’ils n’arrivent. File ! » Je n’ai pas réfléchi plus longtemps. Je suis parti en courant. En laissant derrière moi le cadavre d’un fils de mafieux. Esaia tente de me faire monter dans sa voiture, pour m’éloigner de cet endroit le plus vite possible. Mais je continue à courir, je ne peux pas juste m’assoir et continuer. Je réalise que je viens de tuer un homme, et que la culpabilité ne me ronge toujours pas.

Mes pas me guident au seul endroit où je peux trouver une solution à mon problème. La maison close. Niklas doit être là à cette heure. Mais quand je débarque dans son bureau, il n’est pas là. Un homme se tient pourtant là. Jeremias Carlson. Un des rares amis de mon protecteur et tuteur. Sur le seuil de la porte, essoufflé, maculé de sang, je ne sais pas si je dois faire demi-tour ou non. Après, nul doute que les amis de Niklas soient vraiment des gens respectables selon la définition des gens de bien. C’est avec un certain calme qu’il me reçoit, une bouteille de Jack’s Daniels à la main. Encore échauffé, ma voix est tranchée et brûlante encore de l’adrénaline. « Où est Niklas ? » Pour moi, la solution c’est lui. Il saura quoi faire. Niklas est mon seul repère, alors que je me suis tout seul mis dans la merde, il n’y a que lui qui peut me sortir de là. Il m’avait dit de ne pas m’occuper des affaires de la mafia et je n’ai pas écouté. Trop jeune. Trop impétueux. Trop impatient. Il a raison, à 21 ans, je ne suis pas prêt à faire autre chose que de petites affaires légales. L’impatience, le désir de vengeance aussi m’a fait embarquer là-dedans. Plus vite j’entrerais dans les affaires illégales, plus vite je pourrais retrouver les responsables de la mort de mes parents. Une simple histoire de vengeance.

J’hésite toujours à rester avec Jeremias. Je ne le connais pas. Mais je finis par entrer, refermer la porte sur ces femmes un peu trop intéressées pour être honnête. Tenté, je tends la main pour attraper la bouteille qu’il me tend, mais il y a un moment d’hésitation quand j’aperçois le sang sur mes mains. Mais je continue mon geste, tandis que je me rappelle mes actes et la conséquence funeste. Je vais m’assoir sur le siège de Niklas, après avoir pris un verre et me servir. Cul sec, puis mes yeux se posent encore sur mes mains. Tout ce sang. Il ne me vient pas à l’esprit de me nettoyer, d’aller changer ces vêtements maculés du sang d’un autre. Je suis un peu perdu, l’adrénaline s’estompe et la colère tombe. « Qu’est-ce que j’ai fait … ?! » J’ai ôté la vie à un homme. Et cette réalité est effrayante. Quand je relève les yeux sur Jeremias, mon regard est brouillé par la peur et la culpabilité. Je suis complètement paumé.

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♪ Et vos regards seront éblouis
d'un prodige capable d'ébranler
l'incrédulité de Lucifer.

La jeunesse ne passe jamais totalement, toujours là à drainer nos désirs et envies, à faire couler dans nos veines ce poison vermeil suicidaire, ces impulsions incontrôlables qu’on appelle parfois « colère de jouvence ». Je le porte moi aussi ce besoin de tout casser, d’expédier autrui à outretombe. Je ne suis pas à l’abri derrière ma sagesse trentenaire. Demain je peux tout faire voler en éclat : la femme que j’aimais, les enfants que je chérissais plus que tout au monde. Il me reste heureusement cette vie pourrie qui s’est effondrée en un instant comme un vulgaire château de cartes. Allez brûler en Enfer !

Je sens la colère hurler, beugler, puis pleurer, s’éteindre dans un souffle bref, mélancolique. Le sang de la culpabilité éclabousse les vêtements du jeune homme maculés de toute part. Quel est le « quoi-faire », le « quoi-dire » dans une telle circonstance ? Il vient pour demander l’aide de Niklas, son père spirituel. Démuni, enfermé dans une solitude pire qu’être échoué sur une île déserte, il fait naufrage dans ce bureau et ne trouve que moi, un humble cuisinier. Ô s’il savait…

« Il s’est absenté un moment, je souhaitais également m’entretenir avec lui…mais il ne va pas tarder. »

J’espère. Je fais comme si l’accoutrement d’Aleksi était la « normalité ». Mais son regard en dit suffisamment long. Je comprends les tenants de l’affaire bien malgré moi. Je m’approche prudemment et presse son épaule avec toute l’amabilité dont je suis capable.

« Je peux vous aider, si vous vous rendez à mon jugement. »

Quel pouvoir a ce type, Jeremias ? Je peux bien des choses. Cruauté, vice, ce n’est pas que pour les autres…Je confère à ma voix l’assurance nécessaire me semble-t-il pour qu’on m’accorde une confiance absolue. Je sais parfaitement qu’il ne pourra pas se fier entièrement à moi, mais quelle est son alternative ? Je lui tends un mouchoir en tissu pour arranger son visage poisseux. Mon goût immodéré pour la propreté reprend le dessus dans des moments pareils.

« Je détiens quelques…ressources dont je puis user en votre faveur. Racontez-moi Aleksi. »

Je ne sais pas pourquoi j’agis ainsi. Le désespoir me pousse dans mes derniers retranchements, jusqu’à faire preuve d’une bonté inaccoutumée. Je préfère rester en-dehors des complots etc. Peut-être ai-je tout simplement besoin de me sentir utile après qu’on m’ait fait sentir la vacuité de mon existence…

For a *stolen* rose.

A Dieu ne plaise. Mais moi si je me détruis. très bien

Il y a des choses, des images qui ne quittent pas votre esprit. Vous aurez beau faire, l’esprit sélectionne et quand vous le voulez le moins, il vous repasse les moments difficiles, les images que vous préféreriez ne jamais avoir vu. Des images dont j’ignorais même l’existence : le crâne explosé d’un homme baignant dans son sang, des moments où l’homme rendait les coups jusqu’à ce qu’il soit incapable de se relever, puis de bouger. Sa mort sous chacun de mes coups. Et l’adrénaline, ce plaisir évident à chaque coup. C’est peut-être le plus effrayant. Le plaisir d’avoir fait ce que j’ai fait. Comment peut-on prendre plaisir à ôter la vie ? Je le découvre aujourd’hui. Cette mort brise quelque chose de plus chez moi, je ne m’en pas encore compte, mais cela se ressentira plus tard, dans mes affaires. Le début de la froide indifférence. Mais là, c’est plutôt un mélange de sentiments assez désordonné.

Et me voilà à désirer l’aide de cet homme que je ne connais pas vraiment. Sa main posée sur mon épaule, je me crispe, mais c’est évidemment de ça dont j’ai besoin. L’aide de quelqu’un qui pourra prendre en main la situation, m’expliquer ce que je dois faire, penser et dire. J’ai perdu les commandes. Pourtant, il y a toujours ce doute qui persiste : je ne connais pas Jeremias. Je ne connais que son excellente cuisine. Bien que Niklas ne choisit pas ses amis par hasard. Mon regard se pose sur lui, le scrute, sans trop savoir que penser de lui. « Vous êtes un ami de Niklas… Niklas n’a pas d’amis. C’est pour vous dire comment il vous considère. Mais je ne sais pas si moi, je peux m’en remettre à vous. » J’accepte néanmoins le mouchoir pour me débarrasser du sang sur mon visage et mes mains. Je regarde le bout de tissu maculé du sang d’un autre. C’est la prise de conscience. Je ne m’en sors pas avec ce que je veux ressentir et ce que je ressens.

C’est particulièrement difficile de gérer de tels sentiments. Mon regard se fixe sur ce bout de tissu ensanglanté. On ne s’imagine pas capable de tuer un homme avec ses poings jusqu’à ce que ça arrive. Je l’ai réellement massacré, alors qu’il y avait d’autres façons de gérer ça. Niklas ne va pas être content, loin de là. Il ne m’a pas pris sous son aile pour commettre de telles erreurs. Trop jeune, Aleksi. Trop instable pour ce genre d’affaire. La preuve est là, sur tes propres mains. La peur de le décevoir change mes plans concernant Jeremias. Je l’ai moi-même dit, Niklas n’a pas d’amis. Jeremias doit être donc quelqu’un d’important. Digne de la confiance mon père. Je laisse tomber le mouchoir sur le bureau du maitre de maison, comme s’il portait la peste lui-même. Et ce n’est pas loin d’être le cas, il porte la mort d’un homme, causée par ma faute. Je me sens complètement dépassé, je perds dix ans, et soudain je fais bien moins que mon âge. Je redeviens ce gosse, juste après l’annonce de la mort de ses parents. L’impression de n’être rien, dépassé par les évènements et incapable de savoir quoi faire. « J’ai… tué un homme. Et pas n’importe lequel. J’ai tué un homme. » Comme si le répéter allait m’aider à l’avaler, à l’accepter. Mais je n’arrive pas à me reconnaitre dans cet acte. Et pourtant cette colère est la mienne, uniquement la mienne. Et elle ne fait que devenir de plus en plus incontrôlable. « J’ai besoin d’aide, je ne sais pas quoi faire. » Ce murmure sonne plus pour moi-même que pour l’homme à mes côtés, mais le silence de la pièce donne plus d’amplitude à ces quelques mots qui résonnent à mes oreilles alors que je me renferme sur moi-même, incapable de pouvoir faire autre chose.

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♪ Es-tu la brute ou le truand ?

Je suis la déréliction de Jeremias. Je suis son symptôme démoniaque. Je suis la pire déformation, la dégénérescence, la dé-dé-dé quelque chose. Un quelqu’un dans le miroir, il me regarde, il a peur de moi. Je suis l’homme cocu, l’homme qui veut passer par la fenêtre, l’homme-tragédie.

Mon cœur infect déborde de vengeance. J’en veux plus, soulever des montagnes et les abattre de mes poings. Assez, assez. Il prendrait peur s’il savait que j’en veux à la terre entière. Il ne me choisirait pas comme « parrain ». Mais tu dois taire l’homme belliqueux, sers-toi de ta tête et aide ce garçon en détresse.

Je tends un regard sombre vers celui qui a débarqué avec ce sang qui n’est même pas le sien…La vue du sang ne me dégoûte pas, elle m’excite. J’en demeure complètement coi. J’étais déjà un peu sonné, mais là je dois dire que la surprise me laisse dubitatif. Cependant il me tarde de mener à bien la mission que je me suis donné. Pas pour faire tomber des têtes par pur plaisir, non, non, il faut se dire que je suis un être doué de bonté, oui c’est ça, à d’autres…

De quoi je me mêle au juste ? C’est une affaire pour Niklas, pas pour moi le fou dangereux qui serait capable d’un acte terroriste dans la minute. C’est plus fort que moi.

« Je suis l’ami des amis de Niklas. Vous pouvez avoir entièrement confiance en moi. »

Le ton ami que je prends est contre-nature. Doucereux comme la voix suave d’un Loup. Je me contrôle. Je ne suis pas un monstre déchaîné, du moins, j’essaye de m’en persuader. La pression que j’exerce sur son épaule se fait plus chaleureuse. Je m’approche de son oreille et susurre un mot, un seul, celui qui peut changer sa vie et celle d’un autre. La Roue de fortune n’est-ce pas ?

« Qui ? »

Un nom, n’importe, un coupable, une cible. Je suis quasiment sûr de connaître son parcours, le groupe auquel il appartient, sa race, sa nationalité, tout. Cela signera un ou des arrêts de mort pour éviter je-ne-sais quelles représailles. J’irai les voir, je marchanderai. Ou bien faudra-t-il en éliminer quelques-uns pour faire passer le message ?

Il est perdu le pauvre gosse. Voyons, que puis-je de plus ? Je n’ai jamais les mots qu’il faut, je préfère m’abstenir en général. Un homme est mort, et alors ? A chaque seconde, un cœur s’arrête de battre.

« Si tel est votre désir, Niklas n’en saura rien. »

Je chuchote comme si les murs avaient des oreilles. Est-ce une preuve de ma bonne foi ? En tout cas, je ne vais pas cracher par terre pour jurer allégeance. Restons civilisés même si le redoutable prédateur est de sortie…

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A Dieu ne plaise. Mais moi si je me détruis. très bien

Une aide providentielle et inattendue que je trouve chez Jeremias Carlsson. Si je m’en serais douté, non pas vraiment. Je suis venu trouver Niklas, en connaissant d’avance sa déception et le mépris qu’il pourrait avoir pour mon erreur. J’ai trouvé un autre homme, que mon instinct me crie « méfiance », et à qui pourtant je confesse mon crime. Un homme impressionnant, qui ne dévoile rien de lui-même, ni en mot, ni par ses attitudes. Je sais très peu de choses sur lui, excepté qu’il a la pleine confiance de mon mentor et père. Pourquoi moi, je ne me sens pas aussi sûr de lui que ne l’est Niklas. Je ne sais pas. Il y a de ces hommes qui possèdent une aura particulière, qui paraissent normaux et qui pourtant cachent une force assez particulière. Jeremias a cette aura noire, aussi sombre que la mienne, aussi sombre que celle de Niklas. La différence est que je ne sais pas à quoi m’attendre de lui.

L’esprit embrumé, je ne sais pas quoi faire de son aide. Dans ma tête ça réfléchit et pourtant quand je me livre, je le fais sans rien cacher. « Le fils Hansson. » Le fils Hansson, qui avait fait l’intermédiaire entre mes affaires et les affaires de son père. Tous les deux, nous n’étions pas prêts pour cette entrevue. Il y aura laissé plus de plumes que moi dans cette affaire. Tous les deux, nous souhaitions dépasser nos maitres, aller trop vite. Ca s’était terminé dans un bain de sang. Et je m’en étais sorti presqu’indemne. L’autre pas vraiment. Mais le fils Hansson n’est pas n’importe qui, son père travaille dans la mafia, la même famille où mon père et ma mère travaillaient avant de se faire lâchement piégés et assassinés. A brûler les étapes, ce sont nos ailes que l’on brûle.

« Niklas sera au courant quoi qu’il arrive. Quand bien même je veux le lui cacher, il le saura. Il saura que j’ai dérapé. » Non, je sais que cela ne servirait à rien de le lui cacher. Qu’il l’apprendra d’une manière ou d’une autre. Et puis il m’avait prévenu, je ne devais pas me précipiter. Mais c’est en faisant ce genre d’erreur que l’on apprend aussi, non ? Ça aussi, c’était sorti de sa bouche un jour. Mais il ne s’attend certainement pas à ce que j’ai dérapé à ce point-là. Je me tourne vers Jeremias, perdus entre la peur au ventre et la méfiance que je ne peux m’empêcher d’avoir envers lui, même si je continue à m’ouvrir sans rien omettre. « J’ai voulu aller trop vite. Mais les conséquences là, sont trop lourdes. Je ne sais pas comment rectifier la situation. Je pensais que Niklas pourrait m’aider, m’orienter. » Je baisse la tête, laisse errer mon regard sur le bureau puis vois les éclaboussures de sang sur mes vêtements, un costume cher, mais ce n’est pas de l’avoir foutu en l’air qui m’afflige le plus. Etre capable de tuer un homme à mains nues… Ça c’est réellement effrayant. « Pourquoi m’offrez-vous votre aide, vous ne me devez rien.. » Le ton de ma voix ne laisse aucun doute sur mon désarroi et sur le fait que j’ai besoin de son aide.

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