02 février 2013.
«
A terre ! » Eh merde. Le temps de réaction n’est pas le bon, l’instinct me pousse à regarder d’où vient le premier coup de feu plutôt que de me jeter sous la table, comme tout le monde. La balle atteint l’épaule et je m’effondre au sol, dans un semi état d’hébétude et de colère. C’est ce qui arrive quand l’orgueil d’un homme est trop grand. On ne se suffit plus des petites affaires légales, on trempe dans d’autres genres d’affaires et il arrive parfois que ça dérape.
«
Amenez-le-moi ici » Une voix féminine me sort de mon brouillard, je cligne des yeux pour deviner où je suis. Je ne vois qu’une pièce sombre, puis une lumière vive alors que je suis allongé sur une table en bois. Puis je vois son visage se pencher sur moi, un regard bleu ciel, un calme froid, des lèvres pleines, rouges vermeilles faisant ressortir sa peau blanche. Cheveux bruns, ou noirs ? elle les a attaché, je ne fais que supposer. «
Ça va piquer un peu. » A sa voix moqueuse, je peux entendre que ma douleur ne l’affecte pas. Ce qui se confirme quand une douleur fulgurante me traverse l’épaule, me rappelant la balle que je m’étais prise tout à l’heure. «
Bordel, de merde. » Du coin de l’œil, je peux lui voir un petit rictus aux lèvres. «
Cela aurait été moins douloureux si nous avions été à l’hôpital. » D’accord, compris. Je jette, furieux, un regard à un de mes subordonnés. Ils ont encore trouvé une grande gueule pour s’occuper de nos problèmes internes. Je n’aime pas ça, ni cette situation, ni ce que je vais devoir ordonner de faire à cette femme pour qu’elle se taise. Car elle ne se taira pas avec de l’argent, je n’ai pas besoin d’être pleinement conscient pour m’en rendre compte. Ses mains retournent chipoter à ma plaie, extrayant la balle sans doute. Elle fait son boulot, et ne me laisse pas une seconde pour souffler entre chaque pique de douleur. Elle espère sans doute me voir s’évanouir de douleur, mais je dois être plus coriace que ça, ou plus têtu. Alors je prends l’initiative de la conversation, pour me distraire. «
Désolé de vous voir embarqué dans cette histoire » Elle s’arrête un instant, peu convaincue. «
Vraiment ? » Nos regards se croisent, quel joli minois. Dommage. «
Non, je suis désolé que mes hommes soient tombés sur une infirmière coriace, ça implique des décisions difficiles. » Pourtant, je n’ai pas l’air d’avoir beaucoup de peine sur son sort, elle le voit bien et me le fait bien savoir, quand un gémissement étouffe mes conneries. «
Plus sérieusement, vous prendrez combien pour m’oublier ? » C’est un éclat de rire qui me répond, sardonique. «
La seule chose que je prendrais, c’est toi. »
09 février 2013.
«
Tu dis oui, tu signes et puis tu reprends le cours de ta vie. Avec une femme en prime. Rien de compliqué. » Je grommelle dans ma barbe. Ce n’est pas moi ça, en costume cravate, sur le point de dire ‘oui pour la vie’ à une femme, devant un prêtre. Avec Niklas comme témoin. «
Tu as vu à quoi je ressemble, Nik’ ? » Dans le miroir, je le vois assis sur son siège, fumant un cigare, l’air de s’amuser de la situation. L’homme qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui
s’amuse de mon mariage. «
Je te rappelle que c’est toi qui a donné l’ordre de ne pas l’abattre, assume, fiston. » Je réajuste mon écharpe dans laquelle repose mon bras, à cause de mon épaule blessée. «
M’ouais. » J’aurais mieux fait de m’abstenir.
Devant l’autel, je vois ma future femme arriver, rayonnante, dans une robe éclectique, atrocement sexy pour le sérieux de la cérémonie. Il n’y a personne dans la petite mairie, juste Niklas et le témoin de
ma dame. Moi, la situation ne m’amuse pas. Et pourtant, je n’ai toujours pas fait cesser cette mascarade. J’épouse l’infirmière en ce jour, et à partir de là, il ne sera plus possible de la faire assassiner comme il était prévu à la base. Impossible aussi de ne pas la surveiller. Elle en sait beaucoup trop. D’où sa façon de me faire chanter. «
Epouse-moi et je me tairais » Ou comment s’assurer une source de revenus illimités. «
Paulina Viljanen, souhaitez-vous prendre comme Aleksi Svensson ici présent, de le chérir et de l’honorer jusqu’à ce que la mort vous sépare ? » Elle lui lance un petit clin d’œil, avant de répondre. «
Oui, je le prends ! » Ennuis en perspective.